Le petit train de mémoire
Je suis un oiseau de nuit.
A chaque station je me lève en faisant mine que c'est là mon terminus, et puis je me rassoie.
Rien ne me fixe, même pas le négatif photographique.
Je suis flou de face, de dos, de tous les côtés je m'esquive.
Le chaos cahotant des transports en commun est mon univers.
J'aime voir passer les paysages et les visages, surtout dans les virages.
Je n'ai pas de mode d'emploi du temps, de calendrier, d'anniversaire, de montre.
Je navigue au gré de mes humeurs et du mauvais temps.
Je ne lis plus l'actualité, trop informe, la masse m'anéantit.
Devant les yeux j'ai la caricature de ma propre vie.
Une énorme valise de voyage sans étiquettes et vide.
Juste avant la dernière station, j'aimerais bien retrouver mon nom.
Juste ne plus me perdre.