Image d'Epinal
je fuis n'importe quoi
je luis d'une anxiété nouvelle
les acrobates sont sur le fil du départ
il y en a un qui tangue déjà avec le vide
où sont les bandonéons ?
l'autre jour on s'est réunis au pied de la statue du général
ses lacets semblaient défaits alors on lui a mis du scotch
à la guerre comme à la guerre
j'écris vite alors je faute mais pas des fautes graves
légères
des tromperies ridicules de dyslexique repentante
la cause du départ n'a pas d'importance
c'est l'exil en lui même qui en a
et si les connaissances se déboussolent de ne plus être en présence
soulageons-les d'un : on se retrouvera ne t'inquiète pas
le souvenir reste les déceptions aussi
mais elles peuvent se rayer comme un vernis ou une gélatine mal fixée
journal de commande :
acheter des kilos de riz pour le tiers monde
et du gingembre pour tata Ambre
ma jambe me fait mal
c'est dans l'os j'ai l'impression
quand c'est la tête qui souffre je pense :
il y a mon cerveau qui tire sur les nerfs optique
mon opticien optimiste m'a confirmé ce que je savais déjà : je vois plus loin que la moyenne
et les mouches en sont la conséquence
le problème c'est que je ne vois que les mouches
mon avenir paraît bien sombre
je ne suis pas une coquille vide
qu'on pourrait prendre dans sa poigne et éclater comme un rien
il y a du monde là dedans
du peuple
c'est l'accumulation
il est temps d'en laisser s'échapper un peu
avant que ça n'explose.